L’épidémie de coronavirus Covid-19 a pris un nouveau tournant en Europe, et fait la Une de l’actualité. Dès lors, plusieurs questions se posent pour les parents : comment en parler à son enfant ? Comment trouver les mots justes, sans dramatiser ni minimiser ? Le point avec Florence Millot, psychologue pour enfants et adolescents.

Cette fois ça y est, le coronavirus Covid-19 s’est installé en France. Résultat, il est désormais au cœur de l’actualité et dans toutes les conversations des adultes.Comment en parler à son enfant ? Pour Florence Millot, psychologue pour enfants et adolescents à Paris, il faut se poser la question de la pertinence ou non de parler du coronavirus à son enfant.

Car, aussi étonnamment que cela puisse paraître pour les adultes, les enfants ne ressentent et ne perçoivent pas les choses de la même façon.

Coronavirus : avant 7 ans, les enfants n’ont pas besoin de tout savoir

Contactée par nos soins, Florence Millot nous explique en effet qu’avant l’âge de sept ans environ, l’enfant est assez “autocentré”. En dehors de son quotidien avec ses parents, ses camarades de classes, son école, le reste importe peu, voire pas du tout.

“Il s’agit là de quelque chose d’invisible. On n’est pas dans un événement direct tel qu’un attentat où ‘des méchants’ pourraient venir les attaquer”, explique la psychologue. Aussi, si les jeunes enfants connaissent désormais le mot “coronavirus”, et en ont peut-être entendu parler à l’école ou aux informations, il n’y a pas de peur associée. A moins qu’un des parents soit dans la peur lui-même, et la transmette malgré lui à son enfant.

De sa propre expérience, Florence Millot voit actuellement peu d’enfants qui expriment une réelle peur face au coronavirus. “Si son copain est à l’hôpital, l’enfant sera triste pour son copain mais ne s’inventera pas forcément tout un monde comme l’adulte pourrait le faire, lui qui anticipe tout”, ajoute-t-elle.

Pour les jeunes enfants, il n’est donc pas forcément nécessaire ni souhaitable d’entrer dans les détails, ni même d’aborder le sujet si l’enfant n’en parle pas lui-même. Cela risquerait de lui créer des peurs qu’il n’avait pas forcément auparavant.

En revanche, si l’enfant (ou l’ensemble de son école) est placé en quarantaine pendant 14 jours, on lui expliquera simplement que, comme dans le cas de la rougeole, la rubéole, la varicelle ou de la gastro-entérite, on reste à la maison “le temps que le virus passe”, conseille Florence Millot.

Idem pour l’adoption des gestes “barrières” recommandés par les autorités (lavage des mains, éternuement dans le coude, mouchoirs à usage unique) : on lui explique simplement qu’un virus circule, comme en période d’épidémie de gastro ou de grippe, et que quelques mesures simples peuvent limiter que le virus ne se propage davantage.

Coronavirus : de 8 à 15 ans, aider l’enfant à traiter les infos, à les mettre en perspective

Lorsqu’ils ont accès tout seuls aux informations, aux réseaux sociaux, à des fausses images, alors là les enfants peuvent avoir des peurs, du fait de cette notion d’envahissement”, prévient la psychologue.

A cet âge, l’important est d’aider son enfant à faire le tri dans les informations qu’il reçoit, de lui demander s’il a envie d’en parler, si quelque chose lui fait peur.

On pourra ainsi mettre cette nouvelle épidémie en perspective, en lui donnant des exemples d’autres virus particulièrement contagieux, en évoquant les autres grandes épidémies de l’Histoire qu’il a pu étudier à l’école (grippe saisonnière chaque année, mais aussi SRAS, H1N1, VIH, voire grippe espagnole et peste, selon l’âge de l’enfant). Le but étant de sortir de cette “fixette médiatique” qui peut être vectrice d’anxiété et de paranoïa, et de rappeler qu’un virus finit aussi par disparaître, par mourir. “En contextualisant, on se rend compte que la vie continue”, souligne la psychologue.

Il n’y a pas grand-chose à expliquer à l’enfant, à part que ce virus se transmet par contact mains-bouche, et qu’il faut donc faire attention à bien se laver les mains, etc. On peut juste expliquer que comme c’est un virus à propagation rapide, on adopte des gestes simples pour se protéger, et on reste à la maison si c’est nécessaire”, ajoute Florence Millot. D’autant que les enfants semblent plus résistants face au virus, peut-être du fait de défenses immunitaires plus performantes.

De la nécessité d’en parler lorsqu’un camarade de classe est touché

Si un camarade de classe est hospitalisé du fait du coronavirus Covid-19, il est alors important de prendre le temps de se poser avec son enfant, et d’en parler avec lui. Il sera sans doute touché de savoir son copain à l’hôpital, mais comme il le serait dans le cas d’une autre maladie. Il s’agira alors de rassurer son enfant, en lui disant que son camarade est bien pris en charge, qu’il y a possibilité de soigner, et qu’on ne meurt pas systématiquement du coronavirus, loin de là.

De manière générale, la psychologue conseille de ne pas tout expliquer ou tout détailler à l’enfant. Un parent anxieux qui aura tendance à faire des stocks de nourriture ou à se procurer des gels hydroalcooliques ne doit pas se sentir obligé d'expliciter sa démarche auprès de son enfant. “D’une part, ça ne l’intéresse pas forcément et il n’aurait sans doute pas tiqué si on ne lui avait rien dit, et d’autre part, ça risque de cultiver la peur, de rajouter de la peur à la peur”, prévient Florence Millot.

Si un enfant exprime sa peur d’avoir le coronavirus, le mieux est de le rassurer en lui disant que s’il est infecté, tout sera fait pour le soigner, d’autant que les formes sévères du Covid-19 ne concernent heureusement pas la majorité des personnes atteintes.

Source : https://www.parents.fr/enfant/psycho/expliquer-aux-enfants/coronavirus-comment-parler-de-lepidemie-aux-enfants-432495